FOCUS
#15

Quels outils développer pour construire les imaginaires de demain?

Avec WeBuildChange – Cinéma (WBC), programme d’identification et d’accompagnement des talents du secteur impliqués dans la réflexion sur l’évolution des modèles du cinéma francophone, s’engageant pour leurs idées, bougeant les lignes et inspirant les autres.

En synthèse : Durant la journée “Les professionnel·les qui bougent les lignes” organisée dans le cadre du festival de Cannes, en partenariat avec le Consulat, l’observatoire des images a animé une table-ronde autour des outils développés pour aider les professionnel.le.s du secteur à faire du cinéma et de l’audiovisuel un terrain d’engagement. Un projet autour du handicap piloté par l’ODI ainsi que des ateliers de développement d’outils menés par le MédiaClub et l’ODI avec Imagine 2050 et Impact Film verront bientôt le jour.

Dans le cadre de la journée “Les professionnel·le·s qui bougent les lignes” organisée durant le festival de Cannes, l’Observatoire des images a animé le 21 mai 2022, en partenariat avec WeBuildChange – Cinéma et le Consulat, une table-ronde pour donner la parole à des porteurs d’exemples concrets d’outils créés pour aider les professionnel.le.s du secteur à faire du cinéma et de l’audiovisuel un terrain d’engagement.

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Annonce des tables rondes

L’échange entre Jordan Cohen (Ubisoft Film & Television), Jérôme Chouraqui (médiaClub), Charles Gachet-Dieuzeide (Secoya Eco-tournage), Magali Payen (Imagine 2050) et Colette Tostivint (Agence Colette), animé par Olivier Saby (Observatoire des images) a permis de dresser un état des lieux des outils pouvant être d’ores-et-déjà mobilisés lors de différentes étapes de la création cinématographique et audiovisuelle, et d’esquisser des pistes pour l’avenir. Retour sur les principaux enseignements de cette discussion.

FORMER ET SENSIBILISER LES ÉQUIPES

Jordan Cohen a décrit la double action menée par Ubisoft auprès des équipes : diversifier le recrutement et sensibiliser les employés par l’intermédiaire de la communication interne. Jérôme Chouraqui a lui mis en avant l’importance du travail de réseau et de formation que mène le médiaClub au sein de ses différentes entités (“Elles”, “Green” et “Diversité”) : il s’agit de diffuser les meilleures pratiques via des actions de sensibilisation (petits déjeuners, podcasts…) et de créer des formations pour diffuser les meilleures pratiques.

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La table-ronde « Quels outils développer
pour construire les imaginaires de demain ? »

De son côté, Magali Payen a décrit la conférence développée par Imagine 2050 intitulée « Horizons prospectifs », fruit notamment d’un travail de synthèse d’études scientifiques, visant à intégrer les enjeux sociaux et environnementaux dans le travail créatif. Enfin, Colette Tostivint a souligné combien la sensibilisation des directrices et directeurs de casting ainsi que de la production permettait de développer les opportunités offertes à des personnages et des comédien·ne·s que l’on voit peu ou pas traditionnellement à l’écran.

AGIR DIRECTEMENT SUR LES CONTENUS

Après avoir décrit le travail mené par l’association WomenInGames, partenaire de l’ODI, pour faire évoluer les jeux-vidéo vers une meilleure représentation des personnages féminins, Olivier Saby a mis en avant le rôle des financeurs pour faire évoluer peu à peu les contenus et leur diffusion : soit de manière directe comme avec le documentaire A la vie, réalisé par Aude Pépin et distribué en 2021 par Tandem avec le soutien d’Impact Film – ce documentaire est l’un des rares exemples ayant permis de montrer à l’écran l’engagement quotidien des sages-femmes — soit de manière indirecte, comme avec le travail d’enrichissement des scénarios menés sur la Source de Rodolphe Lauga, produit par Nolita en 2019.

TRAVAILLER A LA COHÉRENCE DES DEUX CÔTÉS DE LA CAMÉRA

L’ensemble des intervenants a insisté sur un pré-requis pour permettre l’évolution du secteur : mobiliser l’ensemble de la chaîne de création. Ainsi, tant devant que derrière la caméra, c’est l’ensemble des professionnel·le·s qui doit participer. Charles Gachet-Dieuzeide a décrit les outils développés par Secoya depuis plusieurs années. Le premier permet d’estimer l’empreinte écologique des tournages, quand le second vise à accompagner les sociétés de production dans la structuration de leur démarche environnementale et sociétale. Ce principe de cohérence est particulièrement cher à Colette Tostivint qui a souligné que le choix de faire appel à des talents en fonction de leur engagement sociétal et leur travail à mobiliser les consciences n’est pas neutre sur les équipes et les audiences. “Nos membres au sein du médiaClub y sont particulièrement et de plus en plus attentifs”, a indiqué Jérôme Chouraqui rappelant qu’il fallait aussi veiller à se garder de dévoyer les causes défendues par des effets d’annonce. Au final, les participant.e.s ont appelé à créer une grande coalition de celles et ceux qui participent à la production des contenus, légitimes pour allier les énergies et les forces de chaque structure, et faire bouger les lignes. En attendant des Etats généraux de la profession évoqués en conclusion de la table ronde, s’esquissent ainsi notamment un projet autour du handicap piloté par l’ODI, ainsi que des ateliers de développement d’outils menés par le médiaClub et l’ODI avec Imagine 2050 et Impact Film.

L’Observatoire des images, créé en 2021, est le premier organe associatif regroupant celles et ceux qui s’intéressent au rôle des images au cinéma, à la télévision, dans les jeux vidéos et dans les publicités, notamment sur Internet. Convaincu.e.s que les images peuvent figer les représentations et enfermer dans des stéréotypes, ou au contraire permettre l’émancipation et ouvrir le champ des possibles, les partenaires de l’observatoire se sont réunis pour réfléchir et agir ensemble, que ses membres travaillent dans la production, la distribution, le financement, la communication, la recherche, les institutions…

Les objectifs de la coalition sont notamment de : sensibiliser les pouvoirs publics, les professionnels et le public ; développer la recherche sur la réception des images et mettre en lumière les travaux existants ; agréger et soutenir les pratiques professionnelles ; valoriser les projets et les équipes soucieux de lutter contre les clichés.